Aux origines de Cambrai

Cambrai, ou Camaracum comme la nommaient les Romains, est née au croisement de voies antiques. Son nom apparaît dès le IIIe siècle dans les écrits de l’Empire romain, signalant l’importance stratégique de ce bourg fortifié qui contrôlait les axes vers Bavay et Arras. La prospérité médiévale de Cambrai s’est construite sur le commerce des toiles de lin et la réputation de ses ateliers. Les évêques‑ducs qui régnaient sur la cité édifièrent des édifices prestigieux, tandis que les corporations et confréries façonnaient la vie sociale. Chaque pierre des remparts et chaque pont sur l’Escaut est le témoin de cette ascension.

Au fil des siècles, Cambrai fut tour à tour flamande, bourguignonne, espagnole et enfin française. Cette diversité d’influences a enrichi son architecture et ses traditions. La puissance de sa cathédrale gothique, disparue à la Révolution, résonne encore dans les récits. Les citadelles et bastions construits sous Charles Quint, puis modernisés par Vauban, montrent l’importance militaire de la ville. Cambrai devint également un centre religieux majeur, siège d’un archevêché dont l’autorité rayonnait sur un vaste territoire. La ville a connu les fastes de la Renaissance, les troubles des Guerres de Religion et les heures sombres des sièges qui marquèrent son histoire.

La Révolution française et l’Empire napoléonien transformèrent profondément Cambrai. La dissolution des chapitres et la démolition de la cathédrale médiévale laissèrent un vide dans l’urbanisme. Pourtant, la reconstruction au XIXe siècle donna naissance à de nouveaux espaces publics, des boulevards bordés de maisons cossues et des jardins publics où il fait bon flâner. L’essor industriel du textile et des sucreries attira ouvriers et entrepreneurs. Cambrai fut aussi le témoin du génie du XIXe siècle avec la construction du canal de Saint‑Quentin et l’arrivée du chemin de fer. L’énergie de cette période se ressent encore dans les quartiers ouvriers et les usines de briques rouges qui ponctuent le paysage urbain.

Une ville marquée par la guerre et la résilience

La Première Guerre mondiale bouleversa à jamais la destinée de Cambrai. En novembre 1917, la ville donna son nom à une bataille qui vit l’utilisation massive des chars d’assaut par l’armée britannique. Cet affrontement préfigurait les guerres mécanisées du XXe siècle et marqua les esprits par ses innovations tactiques. Les habitants subirent l’occupation allemande puis les combats de libération. Cambrai fut fortement touchée, mais elle se reconstruisit avec courage et détermination.

L’entre‑deux‑guerres fut une période de renaissance culturelle. Les ateliers d’artistes s’installèrent dans les demeures bourgeoises, et le musée des beaux‑arts enrichit ses collections. Hélas, la Seconde Guerre mondiale apporta de nouvelles destructions : bombardements alliés en 1940, combats de 1944, exodes. Après 1945, Cambrai entreprit une reconstruction patiente qui respecta son âme historique tout en s’ouvrant aux modernités architecturales. Les rues reconstruites se mêlent harmonieusement aux vestiges préservés, offrant aujourd’hui un visage unique où se côtoient maisons à colombages, hôtels particuliers classiques et immeubles des années 1950.

Cette capacité de résilience est devenue l’une des grandes fiertés des Cambrésiens. Chaque célébration, chaque fête commémorative rappelle les sacrifices de leurs ancêtres. Le monument aux morts, les cimetières militaires et les plaques mémorielles disséminées dans la ville sont autant de repères qui témoignent du prix de la liberté. Mais au‑delà des souffrances, Cambrai a su tirer de son histoire un élan vital qui se lit aujourd’hui dans son dynamisme économique et sa vie associative.

Patrimoine architectural et artistique

Flâner à Cambrai, c’est découvrir un patrimoine d’une richesse exceptionnelle. Dès l’arrivée, la silhouette élancée du beffroi attire le regard. Érigé aux XVe et XVIe siècles, ce symbole de liberté communale domine la Grand‑Place. Ses carillons scandent la vie quotidienne. En face, la porte de Paris, vestige des fortifications espagnoles, arbore fièrement ses bastions. Non loin, la façade baroque de l’église Saint‑Géry abrite un trésor : un retable de marbre polychrome et un tableau de Rubens qui ravissent les amoureux d’art. La cathédrale Notre‑Dame‑de‑Grâce, reconstruite après les guerres, offre un intérieur lumineux où reposent les restes de Fénelon, célèbre archevêque et auteur des Aventures de Télémaque. Les vitraux contemporains se mêlent aux chapelles anciennes, créant un dialogue harmonieux entre passé et présent.

Le musée des beaux‑arts de Cambrai occupe un élégant hôtel particulier du XVIIIe siècle. Ses collections embrassent l’histoire de l’art, de l’archéologie gallo‑romaine aux œuvres des maîtres flamands et français. On y admire des tableaux de Tissot, des sculptures de Rodin et des œuvres d’Henri Matisse, natif de la région. Au cœur du musée, une maquette en relief du XVIIe siècle présente Cambrai telle qu’elle était avant les destructions, une véritable machine à voyager dans le temps. À quelques kilomètres, au Cateau‑Cambrésis, le musée Matisse expose plus de cent soixante dix œuvres du peintre ainsi que des collections d’Auguste Herbin et de Geneviève Claisse, offrant un parcours coloré et lumineux dédié à l’un des grands maîtres du fauvisme.

Mais le patrimoine ne se limite pas à ces monuments emblématiques. Les rues étroites du quartier Saint‑Nicolas dévoilent des maisons à pans de bois, témoins du Cambrai médiéval. Les anciens ateliers et moulins le long de l’Escaut rappellent l’activité drapière d’antan. Les parcs et jardins, comme le jardin public ou le square Fénelon, offrent des espaces de verdure où sculptures contemporaines et allées fleuries dialoguent. Les coulées vertes aménagées sur d’anciennes voies ferrées invitent à la promenade et à la découverte des quartiers périphériques. Ainsi, Cambrai se révèle dans la diversité et la complémentarité de ses lieux patrimoniaux.

Saveurs, traditions et festivités

Cambrai possède également un savoir‑faire culinaire qui fait la fierté de ses habitants. La spécialité la plus célèbre est sans aucun doute la Bêtise de Cambrai. Cette confiserie, née par hasard au XIXe siècle dans une maison de confiseurs, est un bonbon de sucre aromatisé à la menthe et rayé de caramel. Aujourd’hui, les artisans perpétuent ce geste traditionnel et déclinent la bêtise en saveurs variées, du coquelicot à la violette en passant par la pomme. Les boîtes décorées qui les contiennent sont de véritables objets de collection. En flânant dans les boutiques du centre‑ville, on découvre d’autres délices : les chocolats fins, les gaufres fourrées et les bières locales brassées avec passion.

Les fêtes rythment l’année cambrésienne. Chaque printemps, le BetizFest réunit les amateurs de musiques actuelles autour de concerts vibrants. Les mélomanes trouvent leur bonheur durant le festival Juventus, qui met en avant de jeunes talents de la musique classique dans des cadres historiques. En été, les marchés de terroir animent les places, offrant produits fermiers et artisanat. Le 15 août, Cambrai célèbre ses géants, Martin et Martine, qui défilent dans les rues accompagnés de groupes folkloriques : un rendez‑vous incontournable pour petits et grands. L’automne est propice aux expositions et aux salons du livre tandis que l’hiver voit s’illuminer les rues lors des marchés de Noël. Chaque événement est une occasion de partager la convivialité et la créativité qui caractérisent Cambrai.

Au‑delà des événements ponctuels, la ville soutient une vie culturelle foisonnante. Les associations théâtrales et chorales présentent des spectacles tout au long de l’année. Les galeries et ateliers d’artistes ouvrent leurs portes lors des parcours d’art contemporain. Les sports ne sont pas en reste : clubs de football, d’escrime, de natation et de cyclisme animent les complexes sportifs et rassemblent des passionnés de tous âges. Cette vitalité renforce le sentiment d’appartenance et fait de Cambrai une ville où il fait bon vivre, étudier et travailler.

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